L'île des esclaves
Dans un espace expérimental surveillé et à l’écart du monde réel, un jeu d’inversion des rôles questionne les rapports de domination sociale. Portée par six comédiens et deux musiciens sur scène, cette comédie aux aspirations utopiques décortique les révolutions intimes et politiques.
Note d'intention
Le présent n'est pas le présent temporel, il est ce qui est encore suffisamment vivant pour être enjeu de lutte. Pierre Bourdieu
Mettre en scène en 2017 L'île des esclaves écrite en 1725 ... La compagnie n'a pas monté de théâtre de répertoire depuis George Dandin en 2004, qui constituait la première partie d'un diptyque intitulé Etats Civils et dont la seconde partie était Roberto Zucco.
La volonté de monter ce texte est d'autant plus "surprenante" pour moi que l'écriture de Marivaux et son oeuvre n'ont jamais constitué des points d'accroche ou des envies fortes tant d'un point de vue de comédienne que de metteuse en scène. Alors pourquoi L'île des esclaves ? Parce que justement la pièce à mon sens est à part dans l'oeuvre de Marivaux, tout comme George Dandin l'est dans celle de Molière. De ces pièces qui soudain résonnent aujourd'hui avec force et immédiateté dans leurs enjeux.
La pièce est comme souvent chez Marivaux d’abord construite sur une stratégie d’inversement des rôles au service de l’éclosion souhaitée de la vérité et de la prise de conscience. Cependant cette vérité ici n’est pas celle des sentiments, et c’est bel et bien d’une question politique qu’il s’agit. D’une révolution à la fois intime pour les personnages et sociale pour ce qu’ils représentent dans leurs fonctions.
Comment passe-t on du jour au lendemain du statut d’esclave à celui de maître? Comment l’opprimé hier peut-il être libéré de ses chaînes sans devenir à son tour oppresseur, par un réflexe de vengeance ? Ou reproduit-il simplement les schémas dont il fut la victime ?
Comment peut se faire l’apprentissage de la justice, voire de la démocratie dans des conditions d’affranchissement brutales et soudaines ?
"Il s'agit de vous pardonner, et pour avoir cette bonté-là, que faut-il être, s'il vous plaît ? Riche ? non : noble ? non : grand seigneur ? point du tout. Vous étiez tout cela ; en valiez-vous mieux ? (...) Il faut avoir le coeur bon, de la vertu et de la raison ; voilà ce qu'il nous faut : voilà ce qui est estimable, ce qui distingue, ce qui fait qu'un homme est plus qu'un autre. Entendez-vous, Messieurs, les honnêtes gens du monde ? Voilà avoir quoi l'on donne les beaux exemples que vous demandent et qui vous passent. Et à qui les demandez-vous ? À de pauvres gens que vous avez toujours offensés, maltraités, accablés, tout riches que vous êtes, et qui ont aujourd'hui pitié de vous, tout pauvres qu'ils sont." Cléanthis, scène X.
Anne-Sophie Pauchet, mai 2015
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